La premiere classe

Je suis un geek, et pour une fois que je prends le train, j'avais besoin d'une prise de courant. Alors j'ai pris un billet en première classe, et aussi par curiosité.

Dans la voiture (on ne parle de wagon que pour les marchandises), il y a des gens divers, un jeune qui écoute son baladeur, un couple de sénior qui choisissent une maison pour leur retraite, et puis il y a cette femme.

Mal habillée, transportant tout un barda avec elle, elle commence à gémir sa douleur, et plus le voyage avance et plus elle se plaint. J'apprends qu'elle est SDF, qu'elle a quitté son centre de soin avec ses médicaments.

Le voyage avance, les gens se plaignent, ils ont payés une place en première classe et leur tranquillité se trouve dérangée. J'aurais espéré plus de compassion de leur part.

La dame avance dans le couloirs, se dirige vers les sanitaires, et s'écroule dans le couloir, près des portes de la voiture. Etant secouriste, je me précipite pour l'aider. Une femme à côté de moi me dit «Elle s'est écroulée dans le couloir, j'espère que je vais pouvoir sortir » Outré je lui réponds «J'espère surtout qu'elle va bien ».

Les badauds daignent se lever de leur siège pour regarder ce qui se passent, pour ensuite retourner s'assoir, la colère monte en moi, mais je pense à cette dame malade allongée par terre. Trois controleurs arrivent, moins bien formés que moi au premiers secours. Nous relevons la dame, nous lui parlons. Au bout d'un moment elle décide de se lever.

Un contrôleur fait un appel au micro pour savoir si un médecin pourrait apporter son aide. Un médecin arrive finalement contrarié d'avoir été dérangé de son voyage en première classe. Il dit qu'il ne peut rien faire, et qu'il faut la débarquer et la confier aux pompiers.

Puis la situation se calme, personne ne fait plus rien. La dame finira son voyage jusqu'à Paris, sans être pris en charge par qui que ce soit.

Ce qui vient de se passer dans ce wagon me dégoutte. La réaction de ces gens trop aisés pour se soucier du sort d'autrui. Aucune compassion, ne serait-ce que dans les mots.

J'ai mal au ventre, comme une envie de vomir. Finalement avoir pris cette place en première classe, m'a permis d'être témoin de cette scène d'un mépris banal, quotidien et inhumain. Et j'avais besoin de le raconter.

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